Comprendre les taux d’intérêt négatifs
La politique monétaire de la Banque centrale européenne au cœur du phénomène des taux d’intérêt négatifs.
Le 18 juin dernier, les obligations de l’État français sont passées en territoire négatif. Ce qui veut dire, concrètement, que l’emprunteur est rémunéré alors que le prêteur reçoit une somme inférieure à celle qu’il a prêtée. Zoom sur ce phénomène étonnant.
Comment les taux d’intérêt sont-ils devenus négatifs ?
Après la crise de 2008, la Banque centrale européenne, dans l’espoir de relancer l’activité économique, a baissé notamment son taux de refinancement, c’est-à-dire le taux d’intérêt des liquidités empruntées par les banques. Elle s’est également lancée dans un plan de rachat des titres de dettes publiques sur le marché obligataire. Ces actions ont eu pour conséquence, notamment, d’augmenter considérablement la masse monétaire en circulation et de provoquer des baisses importantes des taux d’intérêt à court, moyen et long terme.
Avec d’importantes liquidités, les investisseurs, qui ont anticipé une baisse de la croissance et de l’inflation, se sont rués, ces derniers mois, sur les obligations d’État des grandes puissances. Des obligations jugées comme étant des valeurs refuges. Ainsi, comme la demande est forte, les cours de ces obligations augmentent. Et dans ce contexte, mécaniquement, les taux d’intérêt de ces supports baissent (OAT 10 ans à – 0,44 % au 28 août 2019).
Une bonne nouvelle ?
Emprunter de l’argent à des taux négatifs est une aubaine pour les États. En effet, en 2019, la France va pouvoir économiser 2 milliards d’euros sur la charge de la dette. Les ménages profitent aussi de cette situation puisqu’ils peuvent emprunter (ou renégocier) plus facilement auprès des banques. Revers de la médaille, plus les taux d’intérêt des crédits sont bas et plus les prix de l’immobilier risquent d’augmenter. Dans le même temps, cette situation est néfaste pour les épargnants puisque le rendement de nombreux produits d’épargne a baissé de concert avec les taux.
La qualité de l’émetteur
L’intérêt des investisseurs pour les obligations d’État va dépendre du rendement et de la qualité de l’émetteur. Sachant que plus l’émetteur est fiable et moins les obligations qu’il émet serviront un taux d’intérêt élevé. Pour apprécier cette qualité, des agences de notation analysent les émetteurs et attribuent une note à leurs obligations : AAA étant la plus haute et D la plus basse.
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